"L'Art de raconter touche à sa fin, s'inquiétait Walter Benjamin dans Le Raconteur. Il est de plus en plus rare de rencontrer des gens qui savent raconter avec probité. Il est de plus en plus fréquent qu'une certaine gêne se répande à la ronde quand s'exprime un désir de récit. C'est comme si l'on nous retirait une capacité qui nous semblait inaliénable, sûre entre toutes : celle d'échanger des expériences vécues."
Le cinéma de Costa-Gavras est une réponse différée à cette alarme de l'exilé juif allemand quand il était minuit dans le siècle. Il est ce raconteur qui ne se contente pas de faire œuvre artistique mais nous lance un défi démocratique. Car sauver le récit, c'est préserver l'espérance que recèle son imaginaire, ces histoires extraordinaires dont témoignent tant de vies ordinaires.